Aichi D3A Val
Au cours de l’été 1936 la Marine Impériale japonaise lança une fiche-programme (11-Shi) concernant un monoplan
d’attaque en piqué embarqué destiné à remplacer les biplans Aichi D1A. Aichi, Nakajima et Mitsubishi se portèrent candidats,
seuls les deux premiers se voyant commander chacun deux prototypes. Le projet développé par Aichi Tokei Denki Seizo Co
associait une voilure elliptique inspirée du Heinkel He 70 Blitz et un fuselage au dessin assez proche du Mitsubishi A6M Zero
malgré un poste de pilotage biplace en tandem. De construction entièrement métallique avec surfaces mobiles entoilées,
il était calculé pour résister à une attaque en piqué, et pour simplifier la construction, un train classique fixe caréné
fut retenu, la trainée engendrée ne devant pas influer de façon importante sur les performances.
Tracté par un moteur 9 cylindres en étoile Nakajima Hikari (en) 1 de 710 ch au décollage entrainant une hélice tripale
métallique, le prototype débuta ses essais en janvier 1938. Les premiers essais se révélèrent décevants : sous-motorisé,
l’Aichi AM-17 (désignation constructeur) était instable en évolutions larges, se mettait facilement en vrille en virage
serré, les freins de piqué vibraient de façon dangereuse à 370 km/h alors que la Marine demandait de porter la vitesse
d’attaque à 440 km/h.
Le second prototype subit donc toute une série de modifications avant de voler à son tour : Le moteur Hikari fut
remplacé par un 14 cylindres en étoile Mitsubishi Kinsei 3 de 840 ch sous un capot-moteur plus profond, l’empennage
vertical agrandi pour améliorer la stabilité de l’appareil, la voilure légèrement allongée avec modification du dessin
du bord d’attaque, les aérofreins consolidés. Si la stabilité longitudinale laissait encore à désirer, ces modifications
furent jugées suffisantes pour que l’Aichi AM-17 soit préféré à ses concurrents et le biplace Aichi fut commandé en
décembre 1939 comme « Bombardier embarqué de Marine Type 99, modèle 11 », ou « D3A1-11 ».
En opérations
Si l’Aichi D3A1 fut peu utilisé en Chine ou en Indochine en 1940, 126 Val constituèrent la première vague japonaise partie
surprendre les installations militaires américaines de Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Le D3A1 participa ensuite à toutes les
opérations aéronavales japonaises durant les 10 premiers mois de guerre (12th, 14th, 31st, 33rd, 35th, 40th, 541st et 582nd
Kokutai). Entre autres, en avril 1942, durant le raid de la Marine Impériale dans l’Océan Indien, ils envoient par le fond les
croiseurs HMS Cornwall et HMS Dorsetshire le 5 avril. 4 jours plus tard le porte-avions HMS Hermes, dépourvu d’avions, fut
localisé au large de Ceylan et coulé à son tour avec son escorte : le destroyer HMAS Vampire, la corvette Hollyhock et deux
pétroliers ravitailleurs.
A l’automne 1942 le D3A2 entra en service, les modèles antérieurs étant envoyés dans les écoles, mais après la Bataille de
Midway le manque de pilotes expérimentés combiné aux performances insuffisantes de cet appareil commença à poser de sérieux problèmes.
L’arrivée en première ligne du Yokosuka D4Y Suisei entraîna, en 1943, la relégation du Val aux unités basées à terre ou opérant
depuis les porte-avions de petite taille.
En 1944 les forces américaines reprirent pied aux Philippines, où les D3A2 qui n’avaient pas regagné les unités d’entraînement
au Japon, totalement dépassés, subirent de très lourdes pertes. En 1945, on trouvera encore des D3A2 en opérations, utilisés pour
des attaques kamikaze.
En 1945, la guérilla indonésienne récupéra un certain nombre de D3A sur les anciennes bases japonaises, appareils qui furent
rapidement détruits par l’aviation néerlandaise durant les opérations de police coloniale entre 1945 et 1949.
Les versions
- Aichi D3A1 : Premier modèle de série, remotorisé avec un Kinsei 43 de 1 000 ch, les derniers exemplaires recevant
un Kinsei 44 de 1 070 ch. La voilure était légèrement raccourcie, mais surtout une longue arête dorsale faisait son
apparition, résolvant le problème de l’instabilité, au point que, devenu très maniable, le bombardier en piqué fut
parfois utilisé comme chasseur. Outre 6 appareils de présérie, 470 D3A1 ont été construits par Aichi à Funakata
entre 1939 et août 1942.
- Aichi D3A2 : En juin 1942 un D3A fut équipé d’un moteur Kinsei 54 de 1 300 ch. Désigné Type 99 modèle 12, cet appareil
perdait de l’autonomie en raison de la consommation plus importante du moteur. Des réservoirs supplémentaires étaient donc
nécessaires, mais avec 900 litres de carburant le Type 99 modèle 22 avait un rayon d’action suffisant pour être engagé
dans les Îles Salomon. L’usine Aichi de Funakata a produit 815 D3A2 entre août 1942 et juin 1944, mais 201 exemplaires
furent également construits entre décembre 1942 et août 1945 par Showa Hikoki Kogyo KK à Tokyo. Le D3A2 se distinguait
extérieurement du D3A1 par une verrière plus longue et plus pointue vers l’arrière et le montage d’une casserole d’hélice.
- Aichi D3A2-K : Appareils modifiés en double commande pour l’entrainement, désignés Bombardier école de marine Type
99 modèle 12 par la Marine Impériale.
- Nakajima D3N : Nakajima tenta sans succès de développer une version réduite du D3A avec un train escamotable.
- Yokosuka D3Y1-K Myojo : Pour assurer la formation des pilotes avec un appareil n’utilisant pas des matériaux stratégiques
le chantier naval de Yokosuka développa une version en bois du D3A, entrainé par un moteur Kinsei 54. 5 exemplaires seulement
furent construits, le retrait progressif des Val de première ligne permettant de disposer de D3A2-K.
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