Recherche dans les textes... |
Ligne de Temps |
Options
|
|
||
|
||
|
||
Montrer les dernières |
||
Recherche dans les textes... |
Ligne de Temps |
Le Nakajima Ki-84 Hayate (Tempête) appelé "Frank" dans le code allié s’avéra un adversaire redoutable même pour les meilleurs chasseurs américains. Cependant, il apparut trop tard et en trop petit nombre pour permettre au Japon de reprendre la maîtrise du ciel aux alliés.
La genèse du Ki-84 commença au tout début de la guerre. L’armée demanda à Nakajima de développer un successeur au Ki-43 Hayabusa, mais qui soit plus polyvalent que le Ki-44 qui était un intercepteur pur. L’avion devait avoir un profil relativement idéal : long rayon d’action, polyvalence, maniabilité… vitesse maximale : 640 à 680 km/h, autonomie d’1 h 30 à la puissance de combat et à 400 km de la base. Le moteur devait être le nouveau Nakajima Ha-45 (le moteur Homare de la Marine) 18 cylindres en double étoile compact, refroidi par air de 1.800-2.000 ch. L’armement devait être de 2 canons de 20 mm Ho-5 et deux mitrailleuses de 12,7 mm Ho-103. De plus, le chasseur devait être équipé de blindages et de réservoirs auto-obturants.
Nakajima commença les études au début de 1943 et, en mars, le premier prototype sortit d’usine. C’était un appareil standard, à ailes basses et, comme souvent sur les productions Nakajima (Ki-43, Ki-44), le plan horizontal placé en avant de la dérive. Les canons étaient montés dans les ailes et les mitrailleuses dans le capot moteur. Des volets de combat étaient montés sous les ailes, pratique courante chez les avionneurs japonais (Ki-44, J2M2, N1K1-J, Ki-43)
Le moteur [Ha-45] 11 de 1.800 ch était couplé à une grande hélice quatre pales à vitesse constante. Le prototype vola en avril 1943. Le développement se poursuivit sans problèmes majeurs. L’avion était bien né, mais les performances étaient en retrait par rapport aux exigences du cahier des charges (624 km/h). Cela reste les meilleures performances pour un appareil japonais de cette époque.
Une présérie de 83 exemplaires fut produite et testée méticuleusement. Des améliorations mineures apparurent, certaines invisibles: rationalisation de la production, d’autres non: pipes d’échappement propulsives, deux points d’ancrage sous les ailes au lieu d’un seul etc.
L’appareil étant bon pour le service, il fut mis en production sous le nom de "Chasseur de l’Armée monoplace Type 4 modèle 1a". Mais nous retiendrons le nom de Ki-84-Ia Hayate (vent violent).
Les mécaniques utilisées devaient augmenter doucement en puissance : d’abord un [Ha-45] 11 de 1.800 ch au décollage, puis un [Ha-45] 12 de 1.825 ch, puis un [Ha-45] 21 de 1.990 ch (comme sur le N1K2-J). Les premiers Ki-84-Ia de série essuyèrent les premiers combats avec le 22e Sentai en Chine. Les Américains comprirent vite qu’ils avaient à faire avec un engin nouveau très performant, le plus performant qu’ils aient eu à combattre. Mais c’est dans les Philippines que le Ki-84 allait faire ses vrais débuts.
Cependant, il était déjà trop tard pour les Japonais et les Ki-84 furent décimés car utilisés sur la défensive contre des ennemis bien plus nombreux. De plus, les appareils souffraient de problèmes récurrents de train d’atterrissage, d’hydraulique et surtout de moteur.
En réalité, le Nakajima Ha-45 n’atteignit jamais un degré de fiabilité suffisant. La qualité d’assemblage et des matériaux avait baissé durant les derniers mois du conflit.
Une version améliorée du moteur, le [Ha-45] 23, extrapolé du modèle 21 et utilisant une injection de carburant à basse pression, permit de résoudre les problèmes liés à une chute brutale de la pression d’essence. Cependant, il y avait pénurie de moteurs, l’usine principale ayant été rasée dans un bombardement de B-29 et la production dans des usines souterraines ne débutant que lentement.
Un Ki-84-Ib remplaça rapidement sur la chaîne le modèle -Ia. L’armement passa à 4 canons de 20 mm, les deux mitrailleuses de capot étant remplacées par deux canons Ho-5 de 20 mm comme ceux des ailes.
Pour lutter contre les bombardiers, une version -Ic fut développée en remplaçant sur le Ib les canons d’ailes par des Ho-115 de 30 mm.
Pour pallier le manque de matériaux "stratégiques", comme les Allemands sur le Bf 109K, Nakajima construisit le Ki-84 KAI (modifié) avec l’arrière du fuselage et les saumons d’ailes en bois. Ces appareils utilisaient les mêmes moteurs que les versions en aluminium. Même si Nakajima l’a baptisé Ki-84-II, officiellement, cet avion porta la même dénomination que ses prédécesseurs (Ki-84-Ib et –Ic selon armement).
Une version haute altitude du chasseur utilisant le moteur Ha-45 Ru à turbocompresseur était prévue mais aucun prototype ne fut fabriqué. Les Japonais ne maîtrisaient pas bien les turbocompresseurs.
Dans le prolongement de la politique visant à réduire la quantité d’aluminium utilisée dans l’industrie aéronautique, Tachikawa fut mandaté par l’Armée pour construire une version tout bois du Ki-84. C’était le Ki-106. Extérieurement, il ne différait que par une dérive plus grande. L’armement était réduit à 2 canons pour gagner du poids et un programme d’allègement était en cours mais seulement 3 prototypes furent fabriqués et essayés par les Américains.
Une version haute altitude Ki-84N devait utiliser un gros moteur Nakajima [Ha-44] 13 (dénomination expérimentale: Ha-219) de 2.500 ch. Avec une plus grande surface alaire, il devait s’appeler Ki-117. Il ne dépassa pas le stade des études.
Une version Ki-84P utilisant des ailes encore plus grandes était dans les cartons au moment de la capitulation.
Une version moins ambitieuse, le Ki-84R utilisant le moteur [Ha-45] 44: la version à compresseur à trois étages du [Ha-45] 23.
Un prototype de Ki-84 cette fois-ci en acier fut construit: le Ki-113. Mais, étant donné le poids, ce fut un raté immédiat. Le prototype ne vola même pas.
Une version plus réussie fut le Ki-116. Une version du Ki-84-I équipée d’un moteur plus petit et plus léger : le Ha-112-II ou [Ha-33] 62 et utilisant l’hélice tripale d’un Mitsubishi Ki-46 "Dinah". Ce moteur 14 cylindres de 1.500 ch "seulement" fut utilisé avec beaucoup de succès sur le Mitsubishi Ki-46 "Dinah"-III, mais aussi le Ki-100 et le prototype du A6M8. La masse diminuait de 500 kg environ ce qui compensait la plus faible puissance. La capitulation empêcha sa mise en service.
Comme souvent dans la dernière moitié du conflit, les couleurs standard étaient vert armée dessus et gris armée dessous. Au moins une unité avait ses avions peints en marron uni dessus comme les Mitsubishi Ki-46 "Dinah" habituellement. Les bords d’attaque étaient peints en jaune pour une identification rapide. Certains appareils furent utilisés couleur tôle d’aluminium brute. Les disques rouges de nationalité (hinomaru) étaient généralement peints sur des bandes blanches quand les avions servaient à la défense du Japon. Les insignes d’unités colorées et voyantes étaient généralement appliquées sur la dérive mais elles pouvaient continuer sur le fuselage. Certaines unités kamikaze tel le 47e sentai avaient des couleurs spectaculaires.
3.514 exemplaires incluant toutes les versions furent fabriqués.
Après guerre, les Américains firent des essais avec des Ki-84 capturés. Le Ki-84 atteignait des vitesses comparables voire meilleures que celles des plus rapides P-51 Mustang et P-47N.
Le Ki-84 est sans aucun doute le meilleur appareil mis en service en grande quantités par les Japonais dans la dernière phase de la guerre. Seul le Ki-100 atteignait le même niveau de performances, mais il ne fut jamais fabriqué qu’en très petit nombre.
Tirant parti des enseignements pris au combat et ne possédant que les avantages de son prédécesseur, le Ki-43, le Ki-84 avait lui des performances en rapport avec sa catégorie d’opposants et présentait un armement et des blindages adaptés. Il gardait de plus un avantage certain en termes de maniabilité face aux P-47, P-38 et F4U Corsair. La légende veut que les pilotes américains aient créé l'expression "forget it, it's a Frank" ("laisse tomber, c'est un Frank").
Comme dans le cas des Allemands, c’est la déroute générale du pays et le faible niveau d’entraînement des pilotes de chasse qui interdirent d’utiliser l’avion au niveau de ses performances. Les meilleurs hommes étaient morts en Nouvelle-Guinée, aux Philippines, et les survivants servaient comme instructeurs dans les écoles.
Les Ki-84, malgré leurs performances furent utilisés dans des missions kamikazes au large d’Okinawa comme beaucoup d’appareils moins modernes dans la phase désespérée du conflit.
— — — = = — — —
— — — = = — — —
Vous avez précédemment choisi de ne montrer que les sujets les plus célèbres! (Via le menu Options)