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Le biplan Voisin de 1907 (désigné Voisin II par l'édition 1913 du Jane's All the World's Aircraft), fut le premier avion motorisé à succès conçu par l'ingénieur aéronautique et constructeur Gabriel Voisin. Il a été utilisé par l'aviateur français Henri Farman pour effectuer le premier vol d'un plus lourd que l'air de plus d'une minute en Europe, ainsi que pour effectuer le premier circuit fermé complet. Les premiers exemplaires de l'avion étaient connus sous le nom de leurs propriétaires, par exemple le Delagrange I, ou le Henri Farman n°1. Farman a apporté de nombreuses modifications à son avion, et celles-ci ont été incorporées dans les productions ultérieures construites par Voisin. Le type a connu un succès généralisé et une soixantaine de machines ont été construites.
Entre 1904 et 1908, il y avait une concurrence féroce entre les expérimentateurs européens de qui tentaient de réaliser un vol propulsé par un plus lourd que l'air. Bien que les frères Wright aient fait voler pour la première fois un avion motorisé en 1903 et qu'à la fin de 1905, ils aient piloté plusieurs fois leur Flyer III (y compris un vol de 39 km en 39 minutes 23 secondes le 5 octobre), ils avaient choisi de ne pas faire de démonstrations publiques ou de permettre un examen approfondi de leurs avions car ils craignaient que cela ne compromette leurs perspectives d'exploitation commerciale de leurs découvertes. En conséquence, beaucoup de gens ne croyaient pas aux affirmations des frères Wright jusqu'aux démonstrations de Wilbur Wright au Mans en France en août 1908, lorsque leur avance dans le contrôle des avions fut manifestement évidente.
En 1906, Alberto Santos-Dumont avait effectué les premiers vols propulsés d'un plus lourd que l'air officiellement reconnus en Europe à l'aide de son avion 14-bis, en présence d'officiels de l'Aéro Club de France. Les vols réussis effectués en 1907-1908 par Léon Delagrange et Henri Farman dans leur avion Voisin placent les frères Voisin à la pointe du développement de l'aviation européenne.
Après avoir aidé Ernest Archdeacon dans ses expériences de vol à voile en 1904, Gabriel Voisin s'associe brièvement à Louis Blériot en 1905. Après l'échec de leur deuxième avion, le Blériot IV, le partenariat est dissous en novembre 1906. Après s'être séparé de Blériot, Gabriel Voisin crée sa propre entreprise de construction aéronautique, Les Frères Voisin, en partenariat avec son frère Charles. Le premier avion motorisé conçu par les frères Voisin sera construit pour Henry Kapferer, le neveu d'Henri Deutsch de la Meurthe. Il est achevé en mars 1907 mais ne volera jamais. Kapferer avait en effet insisté sur un moteur à essence Buchet qui ne développait que 20 chevaux, ce qui était insuffisant pour réaliser un vol.
A la même époque, les frères Voisin et leur dessinateur Maurice Colliex construisaient un avion similaire, qui avait été commandé par le sculpteur Léon Delagrange. Celui-ci serait connu sous le nom de Delagrange I, puisque les frères Voisin avaient décidé que l'avion qu'ils construisaient porterait le nom de leur propriétaire bien en évidence sur les surfaces de la queue, "Voisin Frères" apparaissant en dessous en lettres beaucoup plus petites. Cela a été fait parce que Voisin croyait que les gens seraient plus disposés à acheter des avions si la gloire de les piloter leur revenait plutôt qu'au constructeur. Cette pratique est une source de confusion pour les historiens et devait également entraîner un ressentiment considérable de la part de Gabriel Voisin, puisque l'attention se portait en effet généralement sur les pilotes plutôt que sur ceux qui étaient chargés de la conception et de la construction de l'avion.
Propulsé par un moteur V8 Antoinette de 50 ch, il s'agissait d'un biplan à deux baies à configuration propulsive d'une envergure de 10 m. Un plan de profondeur biplan était monté devant les ailes à l'extrémité d'une nacelle courte et à l'arrière, un empennage biplan en forme de cerf-volant de la moitié de l'envergure des ailes principales comportait trois surfaces verticales portant chacune un gouvernail de direction. Le train de roulement se composait d'une paire de roues montées sur des entretoises en V sous le bord de fuite des ailes et de petites roues montées aux extrémités des poutres arrière inférieures. Il n'y avait aucune disposition pour le contrôle latéral direct. Avant les démonstrations de vol de Wilbur Wright en France en août 1908, l'importance du contrôle du roulis pour effectuer des virages contrôlés n'était pas appréciée par les expérimentateurs européens, qui se concentraient sur la tentative de produire des avions intrinsèquement stables et pratiques.
La première tentative de pilotage de l'avion fut réalisée par Gabriel Voisin le 28 février 1907 au Polygone de Vincennes, mais la partie inférieure soutenant la queue à les casser lorsque fut tenté un premier décollage. Après les réparations, une deuxième tentative fut faite le 16 mars, mais à cause du couple moteur, l'aile gauche heurta le sol, mettant fin à la tentative. Ce problème fut résolu en ajoutant 2 kg de lest du côté de l'aile droite. Ainsi modifié, trois vols, dont un de 60 m sont effectués par Charles Voisin le 30 mars. L'avion est alors équipé de flotteurs et une série d'essais infructueux sont effectués sur le lac d'Enghien. Delagrange effectue deux vols courts à Issy les Moulineaux le 2 novembre 1907, mais le 6 novembre un autre vol va se solder par un crash dans lequel l'avion sera endommagé de manière irréparable. Delagrange va rapidement commander un deuxième avion, appelé plus tard le Delagrange II.
Une deuxième machine, identique à de légères modifications près au niveau du train d'atterrissage, est commandée par Henry Farman en juillet 1907 et vole pour la première fois le 30 septembre 1907. Baptisée Henri Farman n°1 (tel que peint sur l'empennage vertical), elle prend le nom de Voisin -Farman, ou, plus tard, de Farman I. Le 15 octobre, il réussit à effectuer un vol d'environ 285 m, ce qui aurait été un record du monde de distance s'il avait été officiellement observé et mesuré, et après d'autres vols les 19 et 23 octobre, dont un vol officiellement assisté de 185 m, récompensé par l'Aéro Club de France pour un vol de plus de 150 mètres. Il établit un nouveau record du monde de distance avec un vol de 771 m. Ce vol remporte des prix décernés par l'AeCF pour les vols de plus de 300 et 500 mètres ainsi que la coupe Archdeacon pour la plus grande distance parcourue.
Plus tard cette année-là, Farman apporte quelques modifications à l'avion, remplaçant l'élévateur avant biplan par une seule surface. Les surfaces de la queue sont réduites en envergure. Dans l'ensemble de queue d'origine, la surface supérieure était une surface de contrôle, tandis que la surface inférieure était une surface non portante destinée à agir comme un stabilisateur. Dans le nouvel agencement, les deux surfaces contribuaient à la portance.
Les ailes bénéficient maintenant d'un dièdre pour donner une stabilité en roulis et permettre un certain contrôle dans cet axe, les ailerons ou le gauchissement des ailes manquant d'efficacité. Suivant les judicieux conseils d'Henri Fabre et surmontant le désintérêt de Voisin, Farman avait fait ajouter un carénage en tissu sur les longerons extérieurs arrière des ailes afin de réduire la traînée.
D'autres vols sont effectués en novembre, au cours desquels il effectue ses premiers virages, et le 13 janvier 1908, il remporte le Grand Prix de l'Aviation Deutsch de la Meurthe- Archdeacon de 50.000 francs pour avoir été le premier aviateur à parcourir un 1 kilomètre en circuit fermé, y compris le décollage et l'atterrissage par les propres moyens de l'avion.
En mars 1908 débute une période de compétition intense entre Farman et Delagrange, Delagrange pilotant désormais le nouveau Delagrange II incorporant les modifications qui avaient été apportées à l'avion de Farman, désormais rebaptisé Farman Ibis avec un nouveau revêtement en tissu de ballon caoutchouté de marque "Continental" remplaçant la soie vernie d'origine. Le 21 mars, Farman va établir un nouveau record avec un vol d'un peu plus de 2 kilomètres, puis c'est Delagrange, d'abord avec un vol de 2,5 km le 10 avril et le lendemain avec un vol de 3.925 km. En mai, les deux avions sont équipés de rideaux latéraux entre l'ensemble intérieur des entretoises interplan, et le 30 mai, tout en effectuant une série de vols de démonstration en Italie, il réussit un vol de 12,750 km d'une durée de 15 minutes 25 secondes . Ce temps est amélioré par Farman le 6 juillet, lorsqu'il réalise un vol de 20 min 20 sec, un nouveau record qui va valoir à Farman un prix de 10.000 francs pour le premier vol officiellement observé de plus de quinze minutes. Fin mai, Farman avait également effectué les premiers vols en Europe avec passager, transportant Ernest Archdeacon sur 1.242 mètres à Gand.
Les "rideaux latéraux" distinctifs entre les deux ensembles extérieurs de jambes de force interplans qui devaient devenir caractéristiques des avions de production ultérieurs sont ajoutés aux deux avions à la fin du mois de septembre. Le 30 octobre, lorsque Farman effectue un vol de 27 km de Bouy à Reims , c'est le premier vol en campagne de l'histoire de l'aviation qui est réalisé (des ailerons avaient été ajoutés à son avion). La dernière modification de Farman fut d'installer une troisième aile plus courte, qui deviendra ainsi le "Triplan Henry Farman".
Farman met finalement fin à sa collaboration avec les Frères Voisin après un désaccord sur un avion qu'ils avaient construit selon ses spécifications puis vendu à John Moore-Brabazon, qui avait nommé l'avion "Bird of passage" (oiseau de passage). Cela a amené Farman à commencer à construire lui-même des avions, dont le premier sera le Farman III.
Armand Zipfel fut l'un des premiers à acheter un avion Voisin, qu'il emmena à Berlin en janvier 1909 pour faire l'une des premières démonstrations publiques de vol d'un plus lourd que l'air en Allemagne, organisée par le Berliner Lokal Anzeiger.
L'aviateur français Albert Kimmerling a effectué ce qui est peut-être le premier vol motorisé plus lourd que l'air en Afrique en décollant de l'hippodrome de Nahoon (East London) en Afrique du Sud, dans un Voisin le 28 décembre 1909.
Henri Brégi emmène deux exemplaires en Argentine et effectue le premier vol d'avion en Argentine le 6 février 1910.
Une soixantaine de machines ont finalement été construites, avec une variété de moteurs selon les souhaits de l'acheteur. Parmi ceux-ci figuraient l'avion dans lequel le capitaine Ferber se tua et l'exemple piloté par Louis Paulhan, qui fut le premier avion à voler propulsé par un moteur rotatif Gnome Omega. Un autre exemplaire a été acheté par Harry Houdini, qui l'a emmené en Australie pour effectuer une série de vols à Diggers Rest près de Melbourne en mars 1910. Bien que prétendus être les premiers vols effectués en Australie, certains vols avaient été effectués par Colin Defries en décembre 1909, mais les vols de Houdini sont crédités d'être les premiers vols soutenus et contrôlés effectués en Australie.
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