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Le Noorduyn Norseman est un avion canadien de transport utilitaire dessiné par Robert B.C. Noorduyn. Optimisé pour utilisation dans des régions reculées, dépourvues d’infrastructures, il a été adopté par plusieurs forces armées pendant et après la Seconde Guerre Mondiale. 904 exemplaires ont été construits entre 1935 et 1954, utilisés dans 68 pays.
Après avoir travaillé pour Fokker, Bellanca ou Pitcairn, Robert B.C. Noorduyn décida de créer sa propre entreprise. Il fonda donc début 1933 à Montréal avec Walter Clayton la Noorduyn Aircraft Limited, qui devait se transformer en Noorduyn Aviation courant 1935.
À partir de son expérience avec les Fokker Universal et Bellanca Pacemaker , Noorduyn estimait que le marché canadien avait besoin d’un avion monoplan à aile haute, ce qui facilitait les opérations de chargement et de déchargement, utilisable sur flotteurs, skis ou roulettes, robuste et offrant une capacité suffisante pour permettre à tout opérateur de gagner de l’argent en utilisant les terrains sommairement aménagés du bush. Divers appareils existaient déjà, restait donc à réaliser un appareil meilleur que tous les avions existants dans ce créneau. S’inspirant fortement des productions Fokker, le Noorduyn Norseman avait un fuselage à structure métallique supportant des cadres en bois, une voilure en bois et des ailerons et volets en tubes d’acier soudés. Le revêtement était entoilé. Monoplan à aile haute contreventée, formule facilitant les opérations de chargement et déchargement sur les terrains ne disposant pas infrastructures, il reposait sur un train classique sans essieu, les roues avant pouvant être remplacées facilement par des skis ou deux flotteurs en catamaran. C’est d’ailleurs équipé de deux flotteurs que le prototype effectua son premier vol le 14 novembre 1935 à La Pointe aux Trembles. Immatriculé CF-AYO, il disposait d’un moteur Wright Whirlwind R-975-E3 pour s’arracher des eaux du Saint Laurent.
Après de rapides essais de certification effectués à Rockliffe, près d’Ottawa, il fut équipé de skis et livré le 18 janvier 1936 à Dominion Skyways Ltd, Rouyn, Québec, qui le baptisa Arcturus. Au cours de l’été 1941 la firme Warner Brothers loua cet appareil pour le tournage du film de Michael Curtiz Les Chevaliers du ciel (film, 1942) dont James Cagney était la vedette. La plupart des prises de vue aériennes eurent lieu près de North Bay, Ontario, l’immatriculation de l’avion étant modifiée temporairement en CF-HGO.
Passé entre les mains de plusieurs opérateurs, le prototype fut finalement accidenté près de Round Lake, Ontario, le 28 août 1953 et radié. Oublié sur place, les restes de cet appareil furent récupérés en 1992 par le Canadian Bushplane Heritage Centre de Sault Sainte Marie, qui espère pouvoir le reconstruire.
Dès son apparition sur le marché le Norseman enregistra régulièrement des ventes, mais 17 exemplaires seulement avaient été livrés début 1940 à des opérateurs civils canadiens et la Police Montée. On peut penser qu’une centaine d’exemplaires auraient été vendus sans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
La signature en décembre 1939 d’un document cadre qui entraina la création de l’Empire Air Training Scheme, devenu en 1942 le British Commonwealth Air Training Plan, permit en effet à la RCAF de commander 38 Norseman Mk IVW destinés à la formation de radio et de navigateurs. 34 Norseman Mk VI furent commandés par la suite par la RCAF.
En 1940 le colonel Bernt Balchen fut chargé par l’USAAF d’organiser le convoyage vers l’Europe d’avions via le Groenland. Balchen, qui avait côtoyé Bob Noorduyn chez Atlantic Aviation Corporation, recherchait un avion robuste, capable de supporter les rudes conditions de l’Arctique. Après une évaluation du Norseman grâce au prêt de six appareils prélevés sur une commande de la RCAF, il recommanda l’achat de ces avions. Devenu C-64A dans l’USAAF, le Norseman fit l’objet de plusieurs commandes, 749 Mk IV étant finalement livrés comme C-64A/UC-64A.
D’autres forces armées alliées (Australie, Norvège) commandèrent un total de 43 Mk IV.
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale de nombreux Norseman des surplus ont trouvé preneurs auprès des opérateurs civils. Ainsi Canadian Pacific Airlines débuta son exploitation sur Norseman. Le volume d’appareils disponible rendait la production d’avions neufs peu rentable, d’autant que la production d’un Norseman exigeait une main d’œuvre importante. Pourtant Canadian Car and Foundry acheta les droits de production et transféra la production à Fort William, Ontario, d’où devaient sortir 51 Mk V. Plus ambitieux, le Mk VII ne fut pas produit en série, Can Car étant engagée sur des programmes plus urgents.
Un groupe d’investisseurs à la tête de laquelle se trouvait Robert B.C. Noorduyn racheta en 1953 l’outillage et les droits sur le Norseman avant de fonder Noorduyn Norseman Aircraft Ltd. Outre l’assistance technique aux utilisateurs de l’avion, Noorduyn Norseman Aircraft Ltd devait encore produire trois Norseman Mk V, le dernier exemplaire étant livré le 19 janvier 1959. Mais l’avion était jugé obsolète par les services officiels canadiens, qui autorisèrent seulement l’achèvement de cinq cellules à partir d’éléments provenant de chez Can Car. La disparition de Robert B.C. Noorduyn le 22 février 1959 n’arrangea pas les choses. En 1982 Noorduyn Norseman Aircraft Ltd fut cédée au groupe Norco Associates et entreprit sa reconversion vers la production d’inserts aéronautiques.
Sur 904 exemplaires construits, une trentaine figuraient encore début 2010 sur le registre civil canadien. Le mythe du Norseman reste très vivant au Canada, où la ville de Red Lake, dans l’Ontario, s’est proclamée « Capitale mondiale du Norseman ». Moyennant quoi elle héberge tous les ans en juillet le ‘Festival des hydravions Norseman’. Cette manifestation célèbre l’aviation comme lien vital entre les villages du grand nord canadien et la civilisation et permet d’y voir la plupart des Norseman encore en état de vol.
À l’instar du prototype, le Norseman est aussi devenu une star du cinéma. On retrouve donc cet appareil dans le film Grey Owl réalisé en 1999 par Richard Attenborough sur la vie d’Archibald Belaney, et surtout dans The Snow Walker de Charles Martin Smith.
C’est à bord d’un Norseman [serial 44-70285] que Glenn Miller disparut au-dessus de la Manche le 15 décembre 1944 alors qu’il gagnait Paris pour y donner un concert en faveur des troupes ayant libéré la capitale. Son corps ne fut jamais retrouvé, l’hypothèse la plus probable étant que son monomoteur ait été atteint en vol par des bombes non utilisées larguées par une formation de 138 Lancaster la RAF regagnant leur base après un raid avorté sur Siegen.
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