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L'Antonov An-22 Antée, désigné par l'OTAN "Cock", est un avion cargo quadri-turbopropulseur d'origine soviétique. Propulsé par quatre turbopropulseurs entrainant chacun une paire d'hélices contrarotatives, il est le premier "wide-body" soviétique construit et reste le plus gros avion à turbopropulseurs dans le monde à ce jour. L'An-22 apparait pour la première fois publiquement en dehors de l'Union soviétique lors du salon aéronautique du Bourget en 1965. Depuis, l'avion a été intensivement utilisé par l'Union soviétique dans de grands ponts aériens militaires ou humanitaires.
L'Antonov An-12, qui effectua son premier vol le 16 octobre 1957, ne pouvait enlever qu'une charge utile de 16 tonnes, ce qui posait un problème à l'Armée rouge. Le char T-54 pesant 36 tonnes, son transport à travers le vaste territoire de l'URSS restait un problème. Dès 1958, l'OKB-473 dirigé par Oleg Konstantinovitch Antonov reçut donc l'ordre de développer un avion plus gros. Désigné An-20, le futur appareil devait donc se présenter comme une version agrandie de l'An-12, utilisant le plus puissant turbomoteur disponible, le Kouznetsov NK-12M, développé pour le bombardier stratégique Tupolev Tu-95, entraînant des hélices quadripales contrarotatives. Dans la tradition des avions de transport militaires russes, 2 canons NR-35-AO-9 de 23 mm étaient installés dans la pointe arrière du fuselage, non pressurisée puisque l'appareil ne devait pas voler à plus de 6.000 m d'altitude.
Or, en 1960, la compagnie aérienne Aeroflot, confrontée à des demandes croissantes de transport de charges lourdes nécessaires au développement de la Sibérie et de l'Extrême-Orient soviétique, émit une fiche technique pour un avion cargo pouvant transporter 50 tonnes sur 3.500 km, nécessaire à son exploitation. Une performance rendue possible par l'apparition du Kuznetsov NK12MA de 15.000 ch. Par décision no 1117-465 du Soviet suprême datée du 13 octobre 1960, les besoins des V-TA, élément de transport aérien de l'Armée rouge, et d'Aeroflot furent combinés, et le 9 novembre 1960 fut commandée une série d'environ 100 exemplaires. La combinaison des deux projets entraînant quelques modifications, le futur appareil fut donc rebaptisé An-22.
L'appareil fut conçu pour transporter des unités d'assaut aéroportées (jusqu'à 150 soldats et des conteneurs séparés pesant jusqu'à 15 tonnes), des unités terrestres (jusqu'à 295 soldats), des missiles de croisière ou balistiques (par ex. des éléments de l'énorme missile UR-500), et des blindés en tous genres, parmi lesquels on devait trouver essentiellement des chars T-54 et T-10M. Il devait également être capable d'utiliser des terrains d'aviation peu ou pas préparés, afin de se rapprocher le plus possible de la destination finale de son imposant chargement. L'acheminement final du matériel aurait dû être assuré par les hélicoptères V-12, alors en cours de développement par le bureau Mil. La structure de ces hélicoptères aurait du être conçue pour pouvoir enlever de telles charges, mais le sort en décida autrement: Le projet V-12 avait déjà trois ans de retard sur le plan prévu et il fut finalement abandonné. Heureusement, cela ne mit pas fin au projet de l'Antonov, dont une maquette fut présentée dès le 12 octobre 1961. Il avait des dispositions pour l'installation de missiles air-air défensifs et un radar Initsiativa-2, à la place du système de protection par brouillage passif en secteur frontal, tel qu'il fut envisagé six mois plus tôt. Plus tard, il fut décidé de protéger l'appareil par l'installation du tourelles radar actives de 45 mm.
Le comité ayant construit la maquette, dirigé par Marshal N.S. Skripko, termina son travail en novembre 1961, concluant que les paramètres techniques et de vol de l'appareil correspondaient globalement bien aux requêtes du conseil des ministres de l'URSS. Le comité statua également que l'emploi des moteurs du Tu-95 (les énormes Kouznetsov NK-12MV) rendraient la course de décollage exagérément longue et imposerait de construire des aérodromes trop grands. Le programme de tests, dont le démarrage était initialement prévu pour 1963, fut reporté de presque deux ans en raison de problèmes techniques non résolus par l'industrie.
Le bureau de conception estima que le poids global des armes défensives et du système de navigation et de ciblage Kupol-22 atteindrait les 4.000 kg. Au même moment, il fut déterminé que la distance franchissable par l'avion, décollant avec une surcharge à 192 tonnes, n'excéderait pas 8.370 km, au lieu des 9.500 à 10.000 km initialement attendus avec une charge utile non-militaire de 10 tonnes. La principale source de poids pouvant alors être sacrifiée provenait des armes défensives et d'une partie de l'avionique. Le problème fut discuté au comité central du Parti communiste au cours de l'été 1964. Le bureau de conception termina la construction de la structure du premier prototype le 22 avril 1963. Le ministre de l'industrie aéronautique P.V. Dementyev, qui visita le bureau trois mois plus tard, pressa le mouvement et demanda que l'appareil tout entier soit terminé le plus rapidement possible, en coopération avec l'usine de Tashkent.
Dessiné autour d'une soute non pressurisée de 4 m de large et 4,4 m de haut pour une longueur de 33,4 m, à l'avant de laquelle on trouvait une section pressurisée pour 29 passagers, l'An-22 devait se présenter comme un monoplan à aile haute de moyen allongement dont les panneaux externes étaient affectés d'un fort dièdre négatif. Grâce à une très importante hypersustentation et à la puissance des turbopropulseurs Kuznetsov NK12MA de 15.000 ch, l'An-22 pouvait décoller en 1.400 m, distance remarquable pour un avion pesant 250 tonnes à pleine charge. Le train d'atterrissage comportait 14 roues, dont il était possible de faire varier la pression en vol, ce qui permettait de se poser ou décoller de pratiquement n'importe quelle surface. Le train principal, trois diabolos de chaque côté, s'escamotait dans de long carénages latéraux et l'empennage comportait deux dérives de très grande taille, mais le poste de mitrailleur arrière avait disparu.
Mis en chantier fin 1961 et achevé à Kiev le 18 août 1964, le prototype [CCCP-46191, c/n 01-01] effectua son premier vol le 27 février 1965, piloté par un équipage dirigé par Yu. Kurlin. Il décolla de l'aérodrome de Svyatoshino, à Kiev, vola une heure et six minutes, et atterrit à la base militaire d'Uzin, à partir de laquelle il continua ses tests. Son arrivée au Bourget le 16 juin 1965 fut une surprise considérable. Le prototype fut indiscutablement la grande vedette du Salon du Bourget. C'était alors le plus gros avion au monde, un titre qu'il conservera jusqu'à l'apparition du Lockheed C-5A Galaxy, en 1968.
Six prototypes seulement furent construits à Kiev: Le [CCCP-46191, c/n 01-02], un appareil destiné aux essais statiques, le [CCCP-56391, c/n 01-03], qui effectua son premier vol le 27 janvier 1966 et fut présenté à son tour au Bourget en 1967, et deux appareils militaires [c/n 01-04 et -05]. L'An-22 no 01-03 fut très sollicité en 1967, puisqu'il participa, avec deux autres quadrimoteurs, à la parade aérienne de Domodiedove le 9 juillet et assurera le transport du vaisseau spatial Vostok.
Le 10 juin 1965 fut prise la décision de lancer la production, à l'usine de Tachkent, ou 7 avions furent assemblés en 1966/67. Présenté en 1969 au Bourget comme premier avion de série, le CCCP-67691 se distinguait par l'apparition d'un radar monté dans le carénage du train tribord. À partir de 1970, les appareils reçurent un radar de nez et un autre sous la pointe avant du fuselage.
1975 | 1974 | 1973 | 1972 | 1971 | 1970 | 1969 | 1968 | 1967 | 1966 | 1965 | 1964 | 1963 |
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12 | 9 | 9 | 8 | 8 | 7 | 7 | 1 | 1 | 4 | 1 | 0 | 1 |
Purement dans le style soviétique, l'An-22 fit la démonstration de ses capacités en s'attribuant 27 records internationaux avec charge:
Il s'agit du plus lourd appareil à turbopropulseurs ayant jamais été construit. Le record de taille appartient cependant à un autre avion russe, le Tupolev Tu-114 (dérivé du bombardier Tu-95 Bear), qui reste également à ce jour l'appareil à turbopropulseurs le plus rapide du monde (870 km/h).
Au Salon du Bourget de 1965, les Soviétiques avaient exposé un projet civil, version allongée de 15 m avec fuselage à deux ponts réunis par 6 escaliers et aménagé pour 301 passagers en bas et 423 en haut. Le marché du transport aérien n'était pas prêt et aucune infrastructure aéroportuaire n'aurait pu accepter un tel géant au début des années 1970. Ce projet ne dépassa donc pas le stade de la planche à dessin, pas plus qu'une version "Airbus" pour 300 à 350 passagers et 30 tonnes de fret envisagée au début des années 1970. À titre comparatif, il faut se rappeler qu'un Boeing 747 transporte entre 400 et 500 passagers selon les versions et l'aménagement.
On sait aujourd'hui que cette flotte était utilisée conjointement par Aeroflot et une unité spéciale des V-TA, le 12 VTAD.
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