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Le Tu-160 (code OTAN Blackjack) est un bombardier lourd supersonique soviétique construit par le bureau d'étude Tupolev pendant la guerre froide pour l'arsenal nucléaire soviétique dont la Russie a hérité. Ses ailes sont à géométrie variable; sa masse maximale au décollage en fait le plus gros avion supersonique au monde et le plus lourd avion de combat au monde.
En 1973, pendant la guerre froide, la course aux armements est très importante entre les deux superpuissances. Les Américains développent alors le Rockwell B-1 Lancer. En réponse, les Soviétiques commencent le programme du bombardier "multi-mission". Trois constructeurs aéronautiques furent dans la course: Tupolev avec un avion basé sur le Tupolev Tu-144, le Miassichtchev M-18, et un Soukhoï basé sur le T-4.
Même si le projet de Miassichtchev semblait le plus prometteur, Tupolev fut choisi parce qu'il était le seul à avoir la capacité et l'expérience pour mener à son terme un projet très ambitieux et complexe. Cependant, Tupolev utilisa des éléments du projet Miassichtchev M-18.
Le projet du B-1 fut arrêté le 30 juin 1977 par les Américains avant d'être relancé en 1981. Cependant les Soviétiques continuèrent le Tu-160, et le 19 décembre 1981 les essais en vol commencèrent. Le camp occidental eut connaissance du projet à partir de novembre 1981 grâce aux satellites espions.
La production commença en 1984. Au début, 150 appareils auraient dû être construits, mais par suite de restrictions budgétaires, seulement 35 (dont deux prototypes) furent construits jusqu'à l'arrêt de la production en 1992.
Plus tard, la Russie a repris l'amélioration et la production de l’appareil. Le premier exemplaire a été livré en mai 2000.
En 2014, la flotte de bombardiers russes de l'Aviation à long rayon d'action comportait 15 appareils. Le 14 décembre 2014, le premier avion modernisé sous le standard Tu-160M prend son envol, on annonce alors que la flotte serait portée à 30 unités.
En 2015, selon Ria Novosti, six Tu-160M auraient été livrés.
En décembre 2017, le premier Tu-160M2 (izdeliye 70M2) reprenant la précédente cellule de l'appareil mais bénéficieront de moteurs améliorés, de nouveaux équipements ainsi que d'un nouvel armement effectue son premier vol. Le nouveau Tu-160M2 immatriculé "8-04" a été produit à part à partir de la cellule du 35e Tu-160 existant, sans compter les prototypes employés pour les essais au sol.
L'armée de l'air russe utilisait, en 2018, seize Tu-160 (si l'on ne compte pas dans le lot 8-04) tous employés au sein du 121e régiment de bombardiers lourds basé à Engels. En janvier 2020, seul onze restaient considérés comme opérationnels.
Le Tu-160 "8-04" a été réalisé dans le but d'accroître la flotte de bombardiers stratégiques russes et dans l'objectif de reprendre la production de cet appareil à l'usine de Kazan, portant la flotte a 50 appareils avec une production annuelle de trois appareils. Avec 16 appareils en service en 2019, 10 commandés en date de février 2020, il en restait 24 à commander à cette date.
Le premier "vrai" vol du Tu-160M modernisé à lieu le 2 février 2020. Le bombardier Tu-160M qui a effectué ce premier vol est en fait l'ancien bombardier Tu-160 "Igor Sikorsky" (n° 14, couleur rouge).
Les seize anciens encore en service seront modernisés.
Le redémarrage de la production des Tu-160 permettra de maintenir en état de vol l'actuelle flotte de ces appareils, laquelle manque de plus en plus de pièces détachées et rend les opérations de maintenance difficiles.
A Kazan le 25 janvier 2019, le président Poutine a tenu à signer lui-même le contrat de commande de 10 Tu-160 M2, 1er lot d'une nouvelle flotte de 50 appareils. Au prix unitaire de 15 milliards de roubles (soit environ 216 millions d’euros sur la base du taux de change de janvier 2020), le premier appareil sera livré en 2021 puis 3 avions seront produits par an.
Les escadrilles commencèrent à être formées en mai 1987 au sein de l'aviation à long rayon d'action. Jusqu'en 1991, dix-neuf avions servirent dans le 184e régiment de l'air en Ukraine. Après l'éclatement de l'URSS, ces avions sont pris en compte par la Force aérienne ukrainienne bien qu'en 1999, un échange se fît entre la Russie et l'Ukraine qui donna alors huit de ses appareils pour rembourser sa dette. L'Ukraine, ayant officiellement renoncé aux armes nucléaires, a détruit les autres Tu-160 en sa possession dont le dernier en février 2001, un exemplaire étant remis à un musée.
En juillet 2006, il n'y a plus que quatorze Tu-160 russes en service. Il est prévu de les maintenir en service. Un contrat de modernisation a même été accordé à la société KAPO (Kazan Aircraft Production Organisation). L'amélioration devant porter principalement sur l'équipement électronique. Mais aujourd'hui (2020), les principaux sous-traitants ont disparu et pour procéder aux réparations, il faut récupérer les pièces sur les quatre carcasses entreposées à Joukovski.
En janvier 2008, deux Tu-160 russes ont mené une mission d'entraînement au-dessus du golfe de Gascogne. Ils ont été escortés jusque-là par des chasseurs norvégiens et britanniques. Cet événement marque symboliquement la volonté de la Russie de reprendre un statut de puissance militaire stratégique majeure.
Le 10 septembre 2008, l'arrivée au Venezuela de deux Tu-160 russes pour des vols d'entraînement est saluée par le président vénézuélien Hugo Chávez qui annonça qu'il piloterait l'un d'eux. La Russie réaffirme ainsi sa présence à travers le monde, sans liaison, dixit le discours officiel, avec la situation dans le Caucase.
Le 10 juin 2010, deux Tu-160 réalisèrent un vol d'entraînement au pilotage sur zones sans repères et au ravitaillement en vol au-dessus des eaux neutres de l'océan glacial Arctique et du Pacifique. Ces vols durèrent 23 heures, ce qui correspondait à un nouveau record pour cet appareil. Le record précédent était de 21 heures. Durant leur périple de 18.000 km, ils furent ravitaillés à deux reprises par des Iliouchine Il-78.
En mai 2012, le 121e régiment de la Garde, basé à Engels, de la 22e division de bombardiers lourds de la Garde de la 37e armée aérienne a onze Tu-160 en service. La base d'Engels abrite aussi le 184e régiment de la Garde, avec ses vingt Tupolev Tu-95.
Leur baptême du feu a lieu le 17 novembre 2015 lors de l'intervention militaire de la Russie en Syrie.
Le 17 février 2016, à 10 h 39, les radars norvégiens repèrent deux Tu-160 à proximité de leur espace aérien, qui sont de nouveaux détectés à 14 h 50, à l’ouest de l’Irlande. À 15 h, les deux appareils russes s’engagent au-dessus de la Manche. La Royal Air Force fait alors immédiatement décoller deux Eurofighter Typhoon. L’alerte est sérieuse et rappelle le survol similaire effectué par des Tu-95 en janvier 2015. L’un de ces appareils, le Aleksandr Golovanov, a été engagé à plusieurs reprises sur le front syrien. Un Rafale, de l’escadron de chasse Gascogne, basé à Saint-Dizier, décolle en alerte pour rejoindre les intrus. Un Mirage 2000-5, de l'escadron de chasse Cigognes, stationné à Lann-Bihoué, en Bretagne, est aussi envoyé. Les deux Tu-160 sont alors escortés par les quatre chasseurs de l’OTAN jusqu’à une soixantaine de kilomètres du Touquet, à la longitude de Dieppe. Ils finiront par rebrousser chemin afin d’éviter le survol des eaux territoriales françaises ou britanniques. L'information est rendue publique début mars 2016 par l'Armée de l'air française, avant d'être relayée dans la presse.
Le 22 septembre 2016, deux Tu-160 ont été pris en chasse par dix avions de quatre pays européens depuis le nord de la Norvège jusqu'au large de Bilbao en Espagne.
Le 9 février 2017, deux Tu-160 ont survolé les eaux internationales depuis la Norvège jusqu'en Espagne et retour. Au cours de ce périple, ils se sont approchés d’une centaine de kilomètres des côtes françaises. Ils ont été interceptés et escortés par les chasseurs de l’Armée de l’air tout au long de cette approche des côtes françaises.
Le 15 juin 2017, un Tu-160 a été intercepté par les armées de l'air suédoise, danoise et finlandaise au-dessus de la mer Baltique.
Le 15 janvier 2018, deux F-16 belges de la base de Florennes interceptèrent deux bombardiers Tupolev Tu-160 au-dessus de la mer du Nord dans leur mission de surveillance du territoire conjointe avec les Pays-Bas.
Le 17 septembre 2019, deux Tu-160 accompagnés de deux Soukhoï Su-27 ont été interceptés par des chasseurs de cinq pays européens (F-16 belges, danois et polonais, ainsi que des F-18 finlandais et JAS 39 Gripen suédois) alors qu'ils survolaient la mer Baltique. Ils ont été reconduits à la frontière de l'espace aérien de l'OTAN.
Russie: Forces aérospatiales russes. Force aérienne russe - 17 Tu-160 sont en service à partir de 2018 avec un nouveau Tu-160M1 (17ème) mis en service en 2018. Tous les avions doivent être modernisés selon la norme "M2". 10 autres Tu-160M2 sont en commande.
Union soviétique: Forces aériennes soviétiques - les avions ont été transférés aux forces aériennes russes et ukrainiennes après la dissolution de l'Union soviétique.
Ukraine: l'armée de l'air ukrainienne - a hérité de 19 Tu-160 de l'ex-Union soviétique, puis a remis 8 Tu-160 à la Russie en échange d'un allégement de la dette de gaz en 1999; le reste a été mis au rebut dans le cadre de l'accord de réduction de la menace coopérative Nunn-Lugar dirigé par les États-Unis.
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