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6 juillet 1892 Boisfort (Belgique) - † 21 décembre 1986 La Panne (Belgique)
Willy Omer François Jean Coppens est né de parents artistes, le 6 juillet 1892 à Boisfort, dans la banlieue bruxelloise. Tenté dès l'adolescence par la navigation aérienne, il abandonne l'infanterie dont il a vécu la vie pendant un an pour suivre les cours de l'école civile de Hendon en 1915 grâce à ses économies. Il y côtoie notamment le futur grand as de l'aviation anglaise, Albert Ball. Deux mois plus tard, il gagne le centre de l'aviation militaire belge situé à Etampes, en France. Les techniques de vols enseignées à l'école du capitaine Caters sont assez rudimentaires. Willy fait son écolage sur Farman mais ce n'est qu'après plusieurs mois qu'il est autorisé à voler en solo. Très fin pilote, habile manœuvrier, il est prédestiné à devenir chasseur. Le 30 janvier 1917, conformément à la "logique" présidant aux affectations, il est envoyé à Houthelm à la 6ème escadrille pour s'y consacrer au réglage et à l'observation ! On imagine à quel point il s'y plaît ! Promu sergent le 8 avril, Coppens est ensuite transféré à la 4ème escadrille du capitaine Richard pour voler sur des vieux Farman 40 "cages à poules". Pour s'en échapper, il fait des pieds et des mains, multiplie les demandes de mutations, sollicite des appuis et obtient finalement d'être versé à la chasse.
En juin 1917, en tant que sergent-chef, Willy Coppens est affecté à la 1ère escadrille du capitaine Jacquet aux Moëres, situé entre la frontière française et la route menant de La Panne à Houthem. L'unité rassemble alors l'élite de la chasse. Le néophyte a son premier combat aérien au commande d'un Nieuport 11 le 21 juillet 1917, celui-ci va se solder sans aucun résultat, sinon une intense émotion.
La France livre à la force aérienne belge les premiers Hanriot HD 1 au mois d'août. Personne dans l'escadrille ne veut de ce nouvel appareil et l'adjudant Coppens est contraint d'en prendre possession car il est le dernier arrivé en unité; c'est pourtant avec cet aéroplane qu'il va accumuler un nombre impressionnant de victoires. Cherchant inlassablement à rendre sa machine unique, il finit par trouver auprès des Français les munitions idéales : des balles au phosphore. Ce sont des fusées, ancêtres des roquettes, au guidage primitif mais relativement précis. Avec elle Willy Coppens va faire des ravages dans les ballons ennemis. "Il fallait tirer de très, très près avec cette munition, à moins de cinquante mètres !" Coppens fait également peindre sa monture d'un bleu turquoise qui le fera surnommer par les Allemands "le Diable Bleu". Transféré à la 9ème escadrille, l'intrépide aviateur survole Bruxelles pour y lâcher des tracts le 18 février 1918. Ce raid sans histoire d'environ une heure aura un impact moral très important sur la population de la capitale. Le 16 avril, se portant volontaire pour l'attaque d'un ballon d'observation allemand au-dessus de Ramscappelle, il remporte sa première victoire aérienne. De la nacelle de ces "claches" come on les appelle dans le jargon des aviateurs, l'observateur dirige par liaison téléphonique le tir d'artillerie, l'aidant à frapper dur et juste. Immobiles ces cibles sont bien défendues. Pour pouvoir les abattre, il faut s'en approcher de très près avec tous les risques que cela implique. Ceci ne freine pas Coppens qui incendie deux nouveaux ballons près de Zarren, à une quarantaine de kilomètres de Dunkerque. Deux semaines plus tard, il est nommé sous-lieutenant, à la demande spéciale du roi Albert Ier.
Grisé par ses premiers succès, Coppens prend de plus en plus de risques. Ainsi le 15 mai il frappe involontairement avec ses roues la toile molle d'un Drachen au-dessus de Houthulst. Cette manœuvre vaut à son pilote une grosse frayeur: "La ficelle du Drachen étant coupée par hasard par des shrapnells, le ballon à fait un bond. Au moment où je tirais sur lui et m'apprêtais à passer au-dessus, mes roues ont touché le ballon. J'ai immédiatement capoté. Heureusement les ballons n'étant pas des choses solides, mon avion n'a pas été démoli. J'ai simplement glissé le long de celui-ci qui évidemment, céda sous le poids de l'avion. Mon HD-1 était un peu déréglé, mais rien de sérieux". Le Roi Albert, pour cette acte, décorera le téméraire aviateur, lui décernant la Croix de Guerre. Le 24 juin 1918, Coppens réussit son un nouveau doublé (un ballon et un biplace Hannovre C) et le 30 il abat successivement trois "saucisses" qui gênaient l'attaque alliée. Du 10 au 22 juillet, sept Drachen tombent sous ses balles, dont trois en cinq minutes le 22. Deux jours plus tard, un ballon à Zaren devient sa 19ème victoire. Le 24 juillet, il abat encore un ballon à Ruyterhock pour sa 21ème victoire en moins de trois mois… Il accumule également les décorations, belges, françaises, anglaises et serbes .
Le "Diable Bleu" est bel et bien devenu le cauchemar des aérostiers allemands. Pour éliminer le gêneur on hésite pas à bourrer de dynamite la nacelle d'un ballon, la mise à feu se commandant électriquement du sol. Mis au courant de ce piège mortel, Coppens n'en continue pas moins à voler. Il réussit même à attaquer le faux-ballon, alors que les servants accueillent des dignitaires venus assister à la fin du Hanriot bleu. Tombant du soleil, Coppens enflamme le ballon captif avant que les Allemands au sol n'aient pu réagir. Au contact du sol, la nacelle explose, tuant et blessant des servants ennemis. Cet épisode relèverait plutôt de la légende mais Coppens n'en est-il pas une lui-même? Le 31 juillet 1918, devant un grand concert de troupes et de généraux, le Roi Albert vient lui remettre personnellement la Croix d'officier de l'Ordre de Léopold, une première pour un sous-officier! Le roi Albert prononce le discours suivant: "Nous honorons aujourd'hui un héros, le sous-lieutenant Willy Coppens, qui, fantassin au début de la guerre, puis servant aux autos-canons, a trouvé en l'aviation le sentier de la gloire". Coppens reçoit également le commandement de la 9ème escadrille. Il a alors 24 ans. Le nouveau commandant va constamment alimenter son tableau de chasse. Du 3 août au 5 octobre 1918, quatorze ballons tombent sous le feu de ses mitrailleuses Vickers de 7,7mm.
Le 14 octobre 1918, le grand as de l'aviation belge décolle pour descendre le ballon de Torhout qui règle des tirs d'artillerie en plein sur les positions belges. En chemin, le "Diable Bleu" enflamme avec seulement quatre balles un Drachen à Praet-Boesch (près de Vladsloo), puis il se dirige vers la cible de Torhout . Arrivé à 150 mètres de la saucisse, Coppens s'apprête à tirer, lorsque soudain une balle incendiaire lui traverse la cuisse de la jambe gauche. La douleur est atroce. Crispé sur son manche, il continue cependant sa progression et tire: le Drachen s'enflamme mais le pilote ne s'en aperçoit pas. Pour l'anecdote cette dernière victoire ne lui sera homologuée qu'à la fin des années 30. Rassemblant ses forces, Willy Coppens parvient à rejoindre les lignes belges. Il doit malheureusement être amputé de la jambe une semaine plus tard et c'est à l'hôpital de l'Océan du docteur Lepage à La Panne qu'il prend connaissance de l'Armistice. Son palmarès de guerre de 37 victoires est clos.
On pourrait consacrer tout un ouvrage à cet homme dont la vie fourmille d'aventures, anecdotes et incidents peu communs. Ainsi en septembre 1928, il effectue, par simple défi, un saut de six mille mètres en parachute, pulvérisant le record d'Europe détenu par l'Allemagne. A l'époque, la trajectoire d'un parachute se contrôlait difficilement et la prise de contact avec le sol s'effectuait à plus de 40 Km/h. Il fallait donc beaucoup d'expérience et des capacités physiques intactes. Rappelons que Willy était unijambiste.
Promu capitaine en juillet 1919 et anobli par Albert Ier sous le nom de Baron Coppens de Houthulst, il est revenu habiter La Panne près des lieux où il s'était, jadis, illustré. Il y avait retrouvé son engouement pour le char à voile. Et, puisqu'il ne pouvait plus le pratiquer, il s'ingénia à en perfectionner les modèles.
Peu avant sa fin, il s'installa dans une résidence à Anvers où il put apprécier l'affection et la fidélité de la fille de Jan Olieslagers, son meilleur ami.
Ceux des aviateurs qui furent égratignés par sa plume ont feint de l'oublier. Ils avaient trop intérêt à se faire oublier eux-mêmes.
Willy Coppens reçu de nombreuses décorations de pays tels que la Belgique, la France, la Grande-Bretagne, le Portugal, l'Italie, la Pologne, la Serbie et la Tunisie.
Le Baron Willy Coppens de Houthulst a rejoint le grand ciel qui fut sa vie, presque comme il était parti, seul pour conquérir la gloire des As de l'Aviation.
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