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St-Denis, 21/12/1881 - † St Rambert d'Albon, 21/4/1919
Jules Charles Toussaint Védrines fut d'abord un ouvrier, puis un metteur au point aux Usines Gnôme (Moteur), avant de passer 6 mois en Angleterre et devenir le mécanicien du pilote-acteur anglais Robert Loraine. Cette expérience lui donne le désir de devenir lui-même aviateur. Il passe son brevet de pilote (no. 312) le 7 décembre 1910 à Pau, dans l'école Blériot.
Le 11 mars 1911, il effectue à bord d'un Morane-Borel le vol Toulouse-Carcassonne et devient ainsi le premier aviateur de l'Aude.
Le 23 mars 1911 Védrines survole Paris et, à basse altitude, le cortège de la Mi-Carême, sur lequel il lance une pluie de fleurs.
Embauché chez Morane, il gagne la course Paris-Madrid, course de 1.197 kilomètres à vol d'oiseau organisée par le journal Le Petit Parisien, le 26 mai 1911 avec un monoplan Morane-Saulnier A à moteur rotatif Gnome de 70 chevaux et empoche la coquette somme de 100.000 francs pour cet exploit, soit la moitié de la dotation totale prévue pour cette course.
D'origine creusoise, Jules Védrines était marié à une Bussiéroise, née Amélie Mélanie Noémie Lejeune, du Hameau dit "Le Mont", commune de Bussière-Dunoise. Il eut de cette union quatre enfants : Jeanne, Henri, Suzanne, Emile. En 1911, Jules Védrines atterri à Bussière à bord de son Morane-Borel alors qu’il participait au rallye aérien Paris-Pau, en partie à cause du brouillard et en partie pour voir sa famille. Une stèle a été érigée à l’endroit même où Védrines a atterri. Celle-ci représente une aile du Morane et, en son centre, le visage stylisé et évidé de Védrines qui laisse voir au travers la bourgade de Bussière-Dunoise, une partie du moteur et une demi- hélice.
Le 13 janvier 1912, à Pau, il bat le record de vitesse pure en avion : sur un Déperdussin monoplan à moteur Gnome de 100 chevaux et bougies Oléo, il atteint la vitesse de 145,177 km/h. Le 22 février 1912, il joue une nouvelle fois de l'accélérateur, parvenant ainsi à couvrir 159,303 kilomètres en une heure avec un monoplan Déperdussin à moteur Gnome de 140 chevaux. Le 21 avril 1912 il s'écrase rue de l'Yser à Epinay-sur-Seine au cours d'un trajet Douai-Madrid. Il est grièvement blessé, mais tiendra plus tard son propre rôle dans un film réalisé aux studios Éclair: Le Roman de Védrines.
Deux ans plus tard, du 20 novembre au 29 décembre 1913, il réalise la première liaison aérienne France-Égypte (avec escales) à bord de son monoplan Blériot.
Le vol sera sujet à controverse à la fois au début et la fin de celui-ci. Dès son arrivée à Nancy, Védrines est interdit de décollage, car on pense à juste titre qu'il a l'intention de violer l'espace aérien allemand. Il s'agissait d'une question controversée à l'époque: beaucoup d'aviateurs militaient pour la liberté de voler n'importe où, sans tenir compte des frontières nationales. L'action de Védrines contribuera d'ailleurs à la tenue d'une conférence sur le sujet qui eut lieu l'année suivante. Après un long retard à Nancy, le 20 novembre, Védrines contourne l'interdiction par la ruse en décollant vers l'ouest pour mettre ensuite le cap sur Prague. Il sera jugé par contumace pour cette action par les Allemands et condamné à une peine d'emprisonnement d'un an. Après Prague, il procède via Sofia, Constantinople (dont il flatte le Sultan en lâchant un drapeau turc sur le palais impérial), pour atteindre Beyrouth le 25 Décembre, Jaffa le 27, et enfin, le 29, l'atterrissage sur un terrain de polo à Héliopolis, où il sera accueilli par un représentant du Khédive et par l'agent français, qui place autour du cou de Védrines une couronne de laurier mêlée dans un drapeau tricolore. Peu de temps après son arrivée, cependant, Védrines est impliqué dans un différend avec un M. Roux, qui avait été le passager dans une tentative rivale de vol vers Le Caire. Son refus de se rétracter d'une accusation de comportement antipatriotique conduit Védrines à être provoqué en duel. Il refuse de se battre, disant qu'il n'est pas assez courageux pour cela. Une tentative de M. Quinton, président de la Ligue Aérienne française, de régler la question en demandant à Védrines de combattre ou de quitter Le Caire mène Védrines à retourner à Paris où il se livrera au duel sur la propriété de Roux, Védrines prétextant qu'il est désireux d'utiliser le revolver à dix coups utilisé alors par l'armée française. L'affaire fera les manchettes dans la presse parisienne pendant plusieurs semaines, mais les experts dans le protocole lié aux duels décideront finalement qu'il n'y a aucune raison de faire couler le sang pour cette affaire.
Le 1er avril 1914, son frère Émile se tue en avion à Reims.
Pendant la Première Guerre mondiale, Védrines est mobilisé dans l'aviation alors qu'il a trente-deux ans. Il signe ses avions d'une tête de vache ou de l'inscription « la vache », sans doute en souvenir de ses origines limousines et aussi peut-être en guise de provocation. Il se spécialise dans des missions difficiles, voire impossibles, comme aller déposer des espions français derrière les lignes allemandes puis venir les récupérer. Le 31 août 1916, Védrines se laisse photographier par Carlo Verbessem, pilote de chasse belge; très fier, il est aux commandes d'un triplan Astoux sur le terrain de la base "belge" de Villesauvage (comprenez Ville Sauvage à Étampes). En remerciement de la dédicace accordée par Védrines, Verbessem lui accorde un chapitre dans son journal de guerre (complété par Robert Sainte, celui qui va le publier en 1999). Plusieurs photos de cet avion conçu par l'ingénieur Astoux (publiées dans le journal de guerre de Carlo Verbessem), considéré par les Français comme une arme secrète et d'avenir, furent réalisées par Verbessem mais les essais de celui-ci ne furent pas concluants. Celui-ci possédait un trop tortueux mécanisme actionnant les ailes; pas de freins, comme sur les premiers modèles d'avion, etc.
Après la Première Guerre mondiale, il est décoré pour ses talents d'instructeur - il fut entre autres l'instructeur du jeune Georges Guynemer. Le 19 janvier 1919, il se pose à bord d'un Caudron G.III sur le toit des galeries Lafayette du boulevard Haussmann, malgré l'interdiction de la préfecture de Paris. Il empoche ainsi le prix de 25.000 francs offert pour cet exploit, mais devient le premier délinquant aérien de l'histoire de l'aviation. Une plaque commémore l'évènement.
Il meurt à Saint-Rambert-d'Albon le 21 avril 1919, avec son mécanicien Guillain, lors de l'inauguration de la ligne Paris-Rome, à bord d’un bimoteur Caudron C-23 rempli de 1.600 litres d’essence. Il est enterré au cimetière parisien de Pantin après des funérailles grandioses.
Intéressé par la politique, il s'était lui-même présenté aux élections cantonales de Limoux en 1910 et aux élections législatives de 1912, sans plus de succès. Son fils, Henri Védrines, sera député de l'Allier.
"L'aviation populaire, magnifique invention, a une belle mission à remplir. Elle s'adresse à la jeunesse. Et je ne cacherai pas qu'en fait de propagande aérienne, ce sont les jeunes qui importent le plus. Les autres sont convaincus ou ne le seront jamais. Tandis que vous, les jeunes, vous constituez un terrain magnifique, vous qui représentez la France de demain. Je vous ai vus, je vous ai approchés, je sais que nous pouvons avoir confiance en vous. Vous avez l'âme aérienne."
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